L'escalier de l'aile de la nouvelle entrée du musée est orné de cinq cartes géologiques monumentales, peintes entre 1895 lors de la création du bâtiment et pendant la seconde Guerre Mondiale.
VISIBLE DEPUIS LE REZ-DE-CHAUSSÉE, LE PREMIER PALIER EST RECOUVERT PAR UNE CARTE QUI FIGURE LE BASSIN MINIER DU NORD PAS-DE-CALAIS.
C'est un objet scientifique très important : il s'agit de la première représentation physique de la première synthèse qui tente de montrer la structure géologique du bassin houiller. Réalisée en 1922 sous la direction de trois grandes figures de la recherche régionale (Charles Barrois, Paul Bertrand et Pierre Pruvost), cette peinture est même antérieure à la première carte structurale et son explication, officiellement publiées par ces trois auteurs en 1824.
Cette représentation, basée sur l'interprétation des relevés d'exploitation des différentes compagnies minières, est un travail fondamental : il est réalisé alors que les compagnies sont en plein contexte concurrentiel pour exploiter le charbon et acquérir de nouvelles concessions. Il a fallu obtenir les données privées, comprendre comment s'agencent ces roches datant de plus 300 millions d'années et situées à plus 200 mètres de profondeur, modéliser les contours des failles et des plis, puis en faire la synthèse. Lorsque la carte murale est retouchée en 1933, personne ne peut savoir que le Bassin Minier est à son apogée : le nombre de concessions est à son maximum (certaines ne livreront jamais de charbon, comme les concessions de Fresnicourt ou Gouy) et le pic de production est atteint en 1930 (35 millions de tonnes). A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les 18 compagnies minières en activités sont nationalisées et réparties en 9 groupes. Après une vingtaine d'années de recherches, les ingénieurs-géologues des Houillères du Nord et du Pas-de-Calais complètent la carte de Barrois, Bertrand & Pruvost en publiant la carte géologique du bassin à la cote -300 en 1963. D'autres études ont complété ces données, mais le bassin minier n'a pas encore livré tous les secrets de son histoire.
QUATRE AUTRES CARTES GÉOLOGIQUES ONT ÉGALEMENT ÉTÉ PEINTES SUR LES MURS DE L'ESCALIER, MAIS NE SONT PAS DATÉES.
Elles représentent le massif des Ardennes, ainsi que les départements de l'ancienne académie de Lille : Aisne, Ardennes, Nord, Pas-de-Calais et Somme.
Elles ont été réalisées alors que la Faculté des Sciences occupait le bâtiment (de 1895 à 1968), avant son emménagement sur le campus universitaire de Villeneuve d'Ascq.
CES CARTES SONT UNE IMAGE À TRÈS GRANDE ÉCHELLE DES CONNAISSANCES GÉOLOGIQUES À UN MOMENT DE NOTRE HISTOIRE. CE SONT DES OBJETS PÉDAGOGIQUES, SCIENTIFIQUES ET PATRIMONIAUX UNIQUES (IL N'Y EN A PAS D'ÉQUIVALENTS EN EUROPE) PEU CONNUS DU GRAND PUBLIC, QUE VOUS POURREZ (RE-)DÉCOUVRIR EN VENANT VISITER LE MUSÉE.
Références :
- https://asap.univ-lille.fr/spip.php?article190
- BARROIS Ch., BERTRAND P. & PRUVOST P. (1924) - Nouvelle carte paléontologique du bassin du Nord. Revue de l'Industrie Minérale, 86 (1ere partie, Mémoires) : 353-361
- MEILLIEZ F., AMEDRO F. & OUDOIRE T. (2014). — Un patrimoine géologique à préserver : les fresques de l’ancienne Faculté des Sciences de Lille. In : BLIECK A. & DE BAERE J.-P. (dir.), La Société géologique du Nord et l’histoire des sciences de la Terre dans le nord de la France. Mémoires de la Société géologique du Nord, XVII.