Dans le cadre de l’exposition « Victoire ! La fabrique des héros », du 11 octobre 2023 au 28 janvier 2024, le musée de l’Armée a sollicité le prêt de cette magnifique coiffe au musée d’histoire naturelle de Lille.
Elle a été élaborée en plumes d'aigle royal fixées sur une calotte de peau. L'extrémité de chaque plume est garnie de crin de cheval fixé par du gypse blanc. Un bandeau confectionné en perles de verre orne le devant de la coiffe. De chaque côté pendent des grelots ainsi qu’un ruban rouge. C’est probablement ce type d’objet qui, dans l’imaginaire occidental, représente le mieux l’« Indien ».
Datant du XXème siècle, elle provient des indiens Lakotas, issus de la Nation Sioux, répartis dans les Grandes Plaines d’Amérique du Nord. Les Lakotas, ces farouches et intrépides guerriers, se sont fait connaître par les combats obstinés qu’ils ont menés contre l’invasion de leur pays par les blancs.
Ces coiffes constituaient la marque distinctive des responsables de certaines confréries de guerriers chez les Indiens des Plaines. Elles étaient aussi le symbole ultime du courage et des prouesses des grands braves. Seuls les guerriers les plus valeureux pouvaient en porter une. Chaque acte de bravoure donnait droit à une plume d’aigle qui, s’ajoutant les unes aux autres, finissaient par former ce genre de couvre-chef, certaines coiffes pouvant aussi, descendre jusqu’aux pieds. Portées lors des affrontements contre les blancs ou les tribus adverses, White Bull, fils de Sitting Bull déclarait qu’il préférait mourir dans de beaux atours de guerre s'il devait être tué dans la bataille.
Ces coiffes n’étaient pas simplement utilisées lors des guerres, elles étaient aussi portées durant les conseils et cérémonies religieuses. Elles représentaient l'influence politique détenue par leurs propriétaires, elles incarnaient également une force spirituelle qui expliquait le soin avec lequel elles étaient conservées et entretenues. Les plumes qui les composaient avaient en outre des vertus magiques et médicales, ce qui renforçait encore davantage leur importance.
Les Sioux, tout comme la majorité des nations amérindiennes, ont trop souvent été, à tort, considérés et qualifiés de barbares ou de sauvages par le monde occidental. Ils ont pourtant tant à nous apprendre, ne l’oublions pas.
Voici les paroles de Luther Standing Bear, chef Sioux oglala, né en 1868 :
« Les vastes plaines ouvertes, les belles collines qui ondulent et les ruisseaux qui serpentent n’étaient pas sauvages à nos yeux. C’est seulement pour l’homme blanc que la nature était sauvage, seulement pour lui que la terre était « infestée » d’animaux « sauvages » et de peuplades « barbares ».
Pour nous, la terre était douce, généreuse, et nous vivions comblés des bienfaits du Grand Mystère. Ce n’est que lorsque l’homme poilu de l’Est est arrivé et, dans sa folie brutale, a accumulé des injustices sur nous et les familles que nous aimions, qu’elle nous est devenue « sauvage ».
Lorsque même les animaux de la forêt commencèrent à fuir à son approche, alors commença pour nous « l’Ouest sauvage ».