Quand la France imitait les objets chinois pour s'approprier leur marché…
Ce mois-ci, on vous parle d'un oreiller en cuir laqué !
Cet oreiller chinois en cuir laqué a été rapporté de Fou Tchéou (actuelle Fuzhou) par Ernest Frandon (1842-1904), vice-consul de France en Chine en 1895.
Missionnés par les Chambres de commerce, les consuls et les vice-consuls étaient chargés de collecter des témoignages de la vie quotidienne du pays dans lequel ils étaient envoyés. L’objectif : faire de l’ « espionnage » commercial, technique et industriel.
Le Musée d’Histoire naturelle de Lille conserve plus de 160 objets rapportés par Ernest Frandon ainsi que 2 albums de photographies réalisées à sa demande par Juan Mencarini, agent des douanes.
Ernest Frandon faisait venir des artisans dans le quartier français de Fou Tchéou afin de les mettre en scène pour les photographier. Les techniques de ces petits métiers du XIXème siècle sont ainsi documentées. Cela permettait, par exemple, aux industriels français du textile de reproduire des motifs appréciés des chinois en vue de s’approprier leur marché.
La laque de Chine qui recouvre l’oreiller, résistante à la chaleur et à l'humidité était souvent utilisée, au XIXème siècle, pour recouvrir et protéger des objets en matériaux périssables, tels que le cuir. Elle est fabriquée à partir de la sève du Toxicodendron, parfois appelé « arbre à laque ». Elle se décline en de nombreuses couleurs en ajoutant certaines substances naturelles ou chimiques à la résine. Il faut plusieurs couches pour obtenir une finition uniforme. La couche précédente doit être sèche et parfaitement polie avant d'appliquer la suivante. Certains objets comportent jusqu'à 100 couches de ce type. La production d'objets en laque était une activité longue et coûteuse.